06 Mar
06Mar


Il est plus important que jamais de montrer, par tous les moyens possibles, que la différence est une richesse, qu’elle est le fondement même d’un monde tolérant, vivant, vibrant de diversité et de talents. Un monde où les cultures s’entrelacent, où les arts s’entremêlent, où chacun a le droit d’être entendu et reconnu. L’homogénéité est un leurre, une illusion qui ne mène qu’à l’appauvrissement des idées et des âmes. Ce qui fait la beauté du monde, c’est justement ce qui le rend multiple.

Après plus de cinq ans d’existence, notre petite association poursuit son engagement, et continuera à le faire. À travers nos textes, nous parlons de toutes les différences, nous les célébrons, nous les défendons, et nous les écrivons avec la conviction qu’elles ont toutes leur place dans le paysage littéraire. Nous voulons divertir, oui, mais aussi éveiller, éclairer, bousculer. Écrire pour les minorités est plus qu’un engagement, c’est une nécessité. Une arme contre l’ignorance, contre le conservatisme figé, contre ceux qui prônent de belles valeurs en façade, tout en trahissant les leurs par leurs actes, leurs mensonges et leurs tromperies.

Nous ne cessons de le répéter : nos histoires comptent autant que toutes les autres. Ces parcours de vie, ces destins flamboyants ou plus modestes, ces voix longtemps étouffées ont autant droit d’être lues, partagées et transmises que celles que l’on place trop souvent sur un piédestal. Chaque récit est une pierre apportée à l’édifice d’une société plus juste, plus inclusive, plus humaine.

Mais méfions-nous de cette époque troublée. N’oublions pas que ce qui est acquis est toujours menacé. Que les droits gagnés de haute lutte peuvent être repris en un claquement de doigts, souvent bien plus vite qu’ils n’ont été obtenus. L’Histoire est là pour nous le rappeler : lors des basculements politiques, les minorités sont toujours les premières à être attaquées. Et si certains en doutent encore, qu’ils se souviennent… avant même les juifs, les homosexuels furent les premiers à être déportés et torturés.

Aujourd’hui encore, sous nos yeux, les signes du recul sont visibles, et il serait naïf de croire que les choses vont s’arranger par elles-mêmes. Regardez Trump : son tout premier décret, le tout premier acte de son mandat, fut dirigé contre une minorité. Parce que frapper les plus vulnérables, ceux que l’on marginalise déjà, est toujours la manière la plus facile de renforcer son pouvoir.

Et que ceux qui se croient à l’abri, ceux qui rient ou qui pensent que cela ne les concerne pas, prennent garde. L’Histoire a prouvé encore et encore que l’oppression, une fois enclenchée, ne s’arrête jamais à la première cible. Aujourd’hui, ce sont certaines minorités qui sont attaquées. Demain, ce seront d’autres. Et que dire des femmes, déjà en train de perdre des droits fondamentaux dans des pays dits développés, sous prétexte de tradition ou de morale ?

Tout cela pour réaffirmer notre position. Nous ne nous sommes jamais définis comme des militants. Mais notre manière de lutter, d’exister, de résister, c’est d’écrire. Notre plume est notre voix, et tant qu’il nous sera possible de l’utiliser, nous continuerons à nous faire entendre.

Nous ne sommes pas seulement spectateurs du monde qui se façonne autour de nous. Nous en sommes tous responsables. Vous en êtes tous responsables.

Alors, quel monde voulez-vous demain ?

Lorsque des États, des dirigeants, commencent à s’attaquer à l’art et à la liberté d’expression, cela n’annonce jamais rien de bon. Jamais.

L’Histoire nous l’a appris, encore et encore : quand un pouvoir commence à censurer, à contrôler les mots, les images, les œuvres, c’est qu’il redoute ce qu’elles portent en elles. L’art est un miroir tendu au monde, une révolte silencieuse, un cri qui ne peut être bâillonné. Il questionne, dérange, éclaire, dévoile ce que l’on voudrait cacher.

Chaque époque marquée par l’oppression, l’autoritarisme, la dictature a d’abord commencé par museler les penseurs, les poètes, les écrivains, les peintres, les cinéastes, les musiciens. Par peur. Parce que l’art est une arme plus puissante que les discours officiels, parce qu’une idée, une émotion, une image peuvent traverser le temps et renverser les certitudes.

Quand on empêche une œuvre d’exister, ce n’est pas seulement un tableau que l’on cache, un livre que l’on brûle, une chanson que l’on interdit. C’est une part de vérité que l’on tente d’éteindre, une réflexion que l’on veut étouffer, un esprit que l’on cherche à formater.

Alors méfions-nous. Méfions-nous de ces temps où l’on commence à dicter ce qui peut être dit ou non, écrit ou non, joué ou non. Car lorsqu’on s’attaque à l’art, c’est que l’on prépare déjà le terrain pour s’attaquer aux consciences.

Le Poison de la Délation et la Fragilité des Libertés

Devons-nous vraiment vous rappeler cette période troublée du Covid, où tant de gens, pris dans la peur et l’aveuglement, se sont transformés en détecteurs de fautes, en guetteurs de transgressions, en délateurs enthousiastes ? Des dénonciations absurdes, souvent mesquines, parfois cruelles, pour une simple sortie prolongée, un pas de travers, un instant de liberté dans un monde devenu cage. Si pour des faits aussi bénins, certains n’ont pas hésité à trahir leurs voisins, leurs amis, parfois même leur famille, dites-vous bien que le même mécanisme se mettrait en place, sans scrupule, contre ceux qui sont différents, si un jour une chasse aux sorcières devait réellement s’intensifier.

Et d’ailleurs, n’a-t-elle pas déjà commencé ?

Regardez autour de vous. Regardez ce climat délétère qui s’installe insidieusement, cette suspicion permanente, ces crispations autour de la liberté d’expression. Regardez comment, sur les réseaux sociaux, certains s’érigent en juges suprêmes, dictant qui a le droit de parler et qui doit se taire, qui a le droit d’écrire sur telle ou telle minorité, tel ou tel sujet, selon son sexe, son identité, son histoire. Comme si les mots devaient être filtrés selon celui qui les prononce. Comme si la liberté d’écrire était un privilège réservé à certains, et non un droit fondamental universel.

Et quand ces idées absurdes prennent racine, quand elles deviennent dogmes, que se passe-t-il ? On assiste à des meutes, à des escouades de guêpes fondant sur un auteur pour un mot, une phrase, une idée jugée déplacée. Des livres attaqués non pour leur contenu, mais pour la personne qui les a écrits. Des carrières brisées, des voix réduites au silence, non par manque de talent, mais par peur de la réprobation.

Comment peut-on espérer une unité, une cohésion, une force collective, si nous nous acharnons nous-mêmes à nous déchirer de l’intérieur ? Comment défendre nos droits si nous nous tirons dessus avant même d’être attaqués ? Parce que la vérité est là : si un jour nos droits fondent comme neige au soleil, si demain nous devons nous battre pour préserver ce qui nous reste de liberté, serons-nous capables de nous unir ? Ou serons-nous déjà trop occupés à nous désavouer entre nous ?

Diviser pour mieux régner, ça vous parle ? C’est la plus vieille stratégie du monde, et pourtant, elle fonctionne toujours. Elle fonctionne parce que nous nous laissons piéger, parce que nous nous méfions plus de ceux qui devraient être nos alliés que de ceux qui travaillent à nous réduire au silence.

Alors réfléchissez avant d’agir. Avant de pointer du doigt, avant de juger trop vite, avant de vous prêter au jeu de l’exclusion. Chaque acte en entraîne un autre. Chaque dénonciation injuste ouvre la porte à d’autres plus dangereuses. Ce qui semble un simple débat aujourd’hui peut devenir une arme demain.

Et quand viendra le moment de défendre nos libertés, de défendre nos mots, ne soyons pas déjà brisés de l’intérieur. Soyons prêts, unis, conscients que c’est ensemble que nous tiendrons bon. 

Commencer déjà par réagir à cet article et le partager serait un acte fort... mais nous verrons bien et ne nous faisons aucune illusion.

Nous vous laissons cet article en PDF pour que vous puissiez le faire circuler si le oceur vous en dit...


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