30 Sep
30Sep

Pas toujours facile lorsque cette folle furieuse nous assaille et nous presse d’écrire 


Sans l’y avoir invitée, l’inspiration s’est immiscée entre nous deux. Comme un troisième membre. Un gai luron qui plus est, et le plus souvent de bonne compagnie, mais perturbateur à ses heures, s’imposant à toute heure et sans crier gare.

Trublion d’aucun nom il assène sans concession aucune, un coup fatal au silence et à la moindre marque de sérénité. Il nous assaille, nous déstabilise en permanence et semble s’en amuser. Je n’y avais pas pris garde tout de suite. Il me fallut être à moitié fou, habité par ce délétère aux aspirations discutables ce jour-là, pour que je puisse enfin voir ce perturbateur sous son vrai jour et surtout, me rendre compte à quel point il prenait de la place au sein de notre couple. Que l’inspiration se pare des plus belles histoires et de mots magnifiques, qu’elle laisse éclore des petits miracles littéraires ou de moins édifiants, elle reste un être à part entière dont nous ne pouvons nous départir et faire abstraction. Ensorcelante méduse qui assiège jusqu’à la raison et le bon sens de tout mon être voir de mon âme, elle pose son dictat sans que nous n’ayons le droit d’approbation ou non et n’hésite pas à transformer en pierre, tout intrus désireux de l’y déloger. Monstre merveilleux me faisant parcourir des mondes magiques et singuliers, elle a tous les droits, semble-t-il, et ne se gène pas de le souligner lorsqu’un d’un air détaché, je tente de la larguer le temps d’une soirée. Elle n’aime pas être lâchée, s’accroche à moi comme un mollusque à son rocher et pour mon plus grand plaisir, mais il me fallut des années de pratique pour savoir gérer cette intruse délicieuse, prenant tant de place. Allez donc faire comprendre à votre moitié qu’elle n’est pas toute seule. Qu’il faut faire avec cette férue de l’imaginaire et que nous n’avons pas le choix. Qu’il n’y aura jamais que nous trois, car c’est une place entière voire bien plus, que cette enquiquineuse se réserve au sein de tout cet amour que nous construisîmes au fil du temps, que nous entretînmes  avec soin, le protégeant des courants malfaisants et de l’usure rongeant les murs de notre édifice comme une tumeur maligne.   Promise troublante épousant mes landes les plus reculées, elle frappe sans vergogne en un fatras d’émotion toute les cellules de mon corps tentant de se rebeller. Oui,  l’inspiration est en moi, l’inspiration est un roi, l’inspiration fait la loi au sein de notre complicité que je pensais être pour le moins sereine et équilibrée, mais force est de constater qu’il n’en sera jamais ainsi, car dès le jour ou cette amie querelleuse m’a ensorcelé, je n’ai, il est vrai, jamais pu ni voulu m’en départir, et ce, jusque dans mes rêves les plus improbables, jusque dans mes songes les plus insensés, jusque dans mes fantasmes les plus reculés, car quoi que je décide dans la vie, toujours, l’inspiration saura me donner envie. Bien sûr qu’elle est envahissante, bien sûr qu’elle peut rendre chèvre à tout instant sans se soucier des retombées, mais jamais, oh grand jamais, elle ne me laissera sans lumière. Un chatoiement m’aspirant vers demain au gréé des petits bonheurs de la vie et de tous ces éclats me rendant tant éveillé. Qu’elle s’impose donc, cette démente, cette machiavélique entité ; qu’elle me laisse tournoyer dans ce doux manège ou je peux presque dire voler, elle a tous les droits, toutes les clés menant aux méandres de mes plus lourds secrets afin de me permettre d’éclore les plus belles fleurs jamais recensées et sachant sans cesse me surprendre  par une fragrance que je m’ignorais mienne.

Tom

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