25 Nov
25Nov


Sortie de la nouvelle « L’œil  »

Bonjour, Neil, comme tu l’imagines nous sommes tous très excités à Écueil Éditions pour ta première publication « L’œil » :

Oui, et je tiens à remercier ici cette belle équipe qui m’a soutenu et m’encourage dans mon travail d’écriture.

Tu fais fort avec un tel sujet. Que peux-tu nous en dire ?

Je sais que le genre de la Nouvelle plaît un peu moins, mais j’espère que les gens seront curieux. C’est un sujet fort que je traite ici pour ne pas dire violent, et pas tout le monde malheureusement est prêt à entendre ou lire ce genre de chose.

Que veux-tu dire par là, que les gens évitent de parler de sujet tel que celui-ci ?

Tout à fait. Malheureusement, nous sommes dans une société qui ne veut pas voir les choses ou que ce qui l’arrange. Je ne suis pas habitué à cela, et c’est pour cela que je rejoins d’ailleurs l’équipe de cette mini association qui pourrait bien faire des émules, vu le nombre de personnes demandant à envoyer leur manuscrit. Mais revenons à la question, alors oui, je peux parler des sujets délicats comme de n’importe quoi d’autre d’ailleurs. Je pense que c’est une question d’esprit d’ouverture mais également de sensibilité, car tout le monde n’a pas la même et il arrive fréquemment que ce genre de sujet rend très mal à l’aise certaines personnes qui préfèrent se voiler la face et faire comme si. Je ne fonctionne pas comme ça. J’en ai ramassé plein la gueule comme bien d’autres au cours de ma vie jusqu’ici et j’ai toujours fait face, en affrontant les problèmes de face. En fait, l’inceste c’est un peu comme la violence conjugale, du reste, c’est une violence et pas des moindres, on sait qu’elle existe, on en est tous conscients, mais on ne veut pas forcément en parler. J’ai ce grand point commun avec Didier Berger qui fonctionne pareil.

Parle-nous un peu de toi !

Je suis un homme plutôt simple, quarantaine, bien dans ma tête et gay de surcroit, même si je n’aime pas cataloguer les gens et surtout pas moi. Je crois qu’il faut se laisser surprendre dans la vie. Mettre dans des cases les gens, c’est les figer à jamais.

Tu sembles bien connaître le genre humain, ce texte fort démontre à quel point tu arrives à te mettre dans la peau du personnage qui raconte son ressenti ?

Oui, j’ai une bonne expérience des gens, j’aime scruter les âmes et tenter de comprendre ce qui peut être à l’opposé de ma personne ou de mes valeurs ainsi que de mon vécu.

Pourtant on dirait que tu as vécu quelque chose de similaire, c’est si bien décrit ?

Non, je n’ai pas vécu de situation similaire. Mais je travaille avec des jeunes en rupture sociale, ce qui me sensibilise bien sûr à ce genre de problème qui malheureusement, se veut fréquent. Et pas seulement pour les filles.

Justement, ce qui est intéressant dans ce récit et même s’il est court, c’est que tu décris terriblement bien ce que ressent l’enfant, puis l’homme qu’il devient. C’est assez fort en si peu de pages ?

Il y aura comme d’hab, celles et ceux qui trouveront trop court ce récit, qui diront que ce n’est pas assez creusé, mais si j’en ai fait une nouvelle, c’est justement, pour rester le plus incisif possible, afin de montrer à quel point tout est si compliqué. Et puisque je parle ici d’un garçon qui va aimer les garçons, le problème et la honte se veulent décupler. La culpabilité, amplifié par ce désir d’un homme alors que le personnage s’est fait violer par son père. Je trouvais très intéressant de traiter, même brièvement, cette thématique et comme on peut le voir il y a une espèce de hiérarchie absurde dans l’échelle de souffrance. Si les filles en parlent plus facilement dans notre société, c’est parce que la plupart des gens dans leur crâne, s’attendent à ce que ce soit une fille à qui ce genre de chose arrive. Pas forcément un garçon. Raison pour laquelle, et je sais de quoi je parle, les garçons ont bcp plus de peine à se confier. Ils vivent souvent une vie entière sans ne rien dire tant ils ont l’impression d’être stigmatisés. Alors quand c’est un garçon qui aime les garçons à qui ça arrive, cette honte est bien plus grande et le secret bien plus lourd. Comme s’il se sentait responsable des actes de son violeur alors que ça n’a rien à voir. Comme on peut le voir dans cette analyse, il y a effectivement une espèce de hiérarchie absurde alors que la souffrance est aussi douloureuse pour les unes comme pour les autres.

Très juste. Comment ton personnage aborde-t-il sa vie d’homme ?  

C’est là encore tout l’intérêt je pense de cette nouvelle car très rarement traité, du moins aussi frontalement. Mon personnage n’a que du dégoût bien sûr pour lui-même. Cela est d’autant plus difficile de trouver quelqu’un avec qui avoir une relation, tant la sexualité se veut un sujet sensible et tabou. Les pratiques, un sujet dont il ne faut pas parler, juste faire, juste s’amuser sans prendre le risque de réveiller ce passé en évitant certaines pratiques et en restant léger. 

Ce n’est donc pas simple ?

Ce n’est simple pour aucune de ces victimes et mon personnage ne déroge pas à cette règle. Mais ce récit ne doit pas faire peur, il est aussi un message d’espoir, car mon personnage à le feu en lui et l’envie de s’affranchir de ce lourd secret lui empoisonnant l’existence.  

Tu dirais quoi aux futurs lectrices et lecteurs ?

De ne pas avoir peur, d’y aller franco, de se laisser happer par ce récit qui, s’il pourra les mettre mal à l’aise à certains passages, leur donnera aussi une force. La force de s’en sortir, et cela va pour tout un panel de situations.

Tu nous prépares et c’est un sccop, une longue nouvelle érotico fantastique MM en collaboration avec Tom, comment travaillez-vous ?

Tom est adorable, nous écrivons si bien ensemble qu’à certains moments, on s’est dit que c’était un peu schizophrénique comme situation même si elle est marrante. De toute façon, nos styles, notre manière d’écrire je pense, vont se fondre les uns dans les autres car à force de bosser ensemble, ainsi qu’avec le boss, il y aura forcément des similitudes et c’est très bien je trouve. Cela va donner une cohérence aux publications d’Écueil Éditions.   

Peux-tu nous en dire plus sur cette longue nouvelle qui sortira pour les Fêtes afin que les lectrices et lecteurs puissent la lire au coin du feu ?

Ce que je peux dire, c’est que ça parle de vampire, d’humains et de désirs. C’est un texte érotique qui donnera chaud je l’espère en cette période de l’année.

Te sens-tu à l’aise dans ce genre-là ?

Je crois l’être, oui. J’ai une vie, un compagnon, donc une sexualité ce qui amène un petit plus à cette collaboration et aux scènes de Q. Mais j’aime laisser Tom se déchainer dans ce domaine, je le trouve excellent. On va dire que j’y apporte un peu plus de profondeur. Mais vous verrez, cette histoire va en surprendre plus d’un.   

Quels sont tes projets, je crois qu’on peut en annoncer quelques-uns ?

Je travaille avec Tom sur deux romans que nous écrivons à quatre mains et une série qui risque de plaire. En tous les cas je l’espère. Sinon, j’ai pas mal de nouvelle pas forcément des romances, et des romans aussi mais dans un autre genre.

Pour en revenir à toi, et bien que tu sois beau gosse, tu ne tiens pas à te montrer tout comme Tom ?

Oui, je tiens à garder mon anonymat et ma vie privée.

Cela dit tu vas plus loin, en étant complètement absent des RS ?

Oui, c’est un choix que j’ai fait avec ma moitié. Je sais que ce n’est pas pratique mais j’ai mes raisons. Je vis bien mieux sans tous ces likes.

Dirais-tu que pour vivre heureux il faut vivre caché ?

Peut-être pas au sens littéral, mais j’aime bien cette phrase et l’applique dans ma vie depuis que j’ai connu mon premier petit ami. Et je ne l’ai jamais regretté, même si certaines conquêtes voulaient nous montrer au grand jour et brandir notre amour.

Les gens peuvent-ils t’écrire ?

Bien sûr, il y mon mail sur le site d’Écueil Éditions, j’y répondrai personnellement avec plaisir. 

Interview Neil Wood


À découvrir ici en version e-book, dans la bibliothèque ainsi qu’en version très sympa papier bientôt : 


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