05 Mar
05Mar

Parole à l’auteur 

  

Auteur : Tom Huxley 

Ton expérience depuis la parution de Yukon 2 - Plus fort que les vivants


Bonjour, Tom, nous allons parler de Yukon 2 si tu veux bien ? 

Avec plaisir, d’autant que cela fait un peu plus de 2 semaines qu’il est sorti. 

Que peux-tu nous en dire mis à part que c’est un gros calibre ? 

Le tome 2 a été une évidence. J’avais déjà cette suite lorsque j’ai fini le 1. Je me suis laissé porter par les personnages. Et j’ai tenu à mieux faire connaître les personnages secondaires, qui me paraissent aussi très importants. C’est une histoire forte, drôle, sensuelle et à bien des égards, dure, car les sujets traités ne sont pas ce qu’il y a de plus fun. Mais l’humour est là je rassure les lectrices et lecteurs…

Tu as vu que nous avons eu droit à une attaque en beauté de gens très très médisants envers les petits nouveaux au début de sa parution. Un moyen comme un autre de tenter de descendre un auteur qui prend un bel envol, est-ce que ça t’a énervé ?   

Oui j’ai vu ça. Une vraie guerre de tranchées sans faire de mauvais jeux de mots, au vu de la situation en Europe. Mais justement, je me dis que ces pauvres malheureux devraient garder leur énergie pour soutenir de vraies causes plutôt que de s’amuser à ce petit jeu absurde. Non, je ne suis pas touché. Et je savais, vu la longueur du livre que ça allait, que ça va prendre du temps pour avoir des coms. Et puis t’es là ainsi que Neil. Notre expérience en la matière réunie nous permet de relativiser, mais de déplorer le peu d’intelligence de certaines et certains… Dommage. Mais pour te rassurer, je ne vis pas sur la planète Bisounours donc non, ça ne m’a pas même énervé. J’ai juste trouvé ça triste. Et si peu courageux. En tous les cas il y en a qui se sentent en danger depuis que nous existons et c’est ça la bonne nouvelle. Après, que tu plaises ou non, très franchement… ça ne veut rien dire. Quand tu penses qu’une conne a mis 1 étoile parce qu’il y avait trop de sapins dans le 1, ça montre le niveau mais surtout l’absurdité de tels comportement. Et j’invite tous les auteurs vivant un truc du genre à ignorer ce genre de com. Pas étonnant que le monde aille si bien si déjà pour des clopinettes il y a ce genre de comportement… mais parlons plutôt de cette histoire que beaucoup adorent et ont adorée. 

Oui tu as raison. Dylan n’est pas au mieux dans ce tome 2. J’irais même jusqu’à dire qu’il va surprendre bien du monde ?   

C’est difficile de rester debout dans sa situation. Et le fait de se confronter au bonheur que lui procure Jérémie n’est pas forcément ce qui lui va le mieux. Il a l’impression de ne pas le mériter. De lui faire du mal par ses crises de dépression saisonnière. C’est très lourd à porter pour lui, mais ça l’est surtout pour Jérémie qui lui, veut croire qu’il pourra guérir de ce drame.  

Oui, jusqu’à ce qu’il apprenne une terrible vérité de Seth ? 

Oui, jusqu’à ce jour-là dont il a peine à croire d’ailleurs, mais qui n’est pas si surprenant, au vu des circonstances. J’ai beaucoup aimé écrire la relation entre ces trois personnages, le hasard qui les a fait se rencontrer et se détester. C’était très intéressant.   

On retrouve un peu cette dualité dans ton roman « À Mon Autre » ? 

Oui, tout à fait. J’ai horreur des gens fiers, ça m’horripile dans la vraie vie. Je les fuis. Je trouve ça tellement débile. Regarde Poutine, un beau frustré dans son genre, mais fier d’une masculinité complètement absurde. Je ne veux pas mélanger l’actualité à cette interview, mais je ne peux m’empêcher de faire un parallèle entre cette fierté qu’on retrouve chez Dylan et qui fait de terribles dégâts et celle d’hommes puissants comme les lambda d’ailleurs. 

Tu n’aimes pas cet adjectif ? 

Non, j’en ai horreur, pour le rencontrer tous les jours. Je pense que si les gens l’étaient un peu moins et savaient rester humbles, bien des conflits et problèmes n’auraient pas lieu d’être. C’est si absurde le plus souvent. 

Tu ne diras jamais que tu es fier d’être gay ?   

Mais quelle fierté…. Si je suis « fier » de quelque chose, c’est d’être moi-même. La personne que je suis. On ne choisit pas d’être gay. Par contre, je suis très heureux de l’être, car ça m’a permis de voir le monde dans lequel nous vivons d’un autre œil et d’évoluer tellement mieux qu’un hétéro mal dans ses baskets et devant suivre un schéma tout tracé. Cela m’a rendu encore plus libre que je l’étais et ça se sent dans mes écrits je crois… 

Une autre question qui fâche un peu et après je te fous la paix. Que penses-tu de celles et ceux qui disent que les romans MM sont une affaire de femmes ou en tous les cas, qu’ils sont différents de ceux écrits par les hommes voire mieux écrits ? 

Encore une remarque étrange et absurde à mon goût. Quoique… je ne connaissais rien au MM, j’ai toujours écrit des histoires pour moi parce que je suis un mec qui aime les mecs et que ça me parle, mais sans avoir la moindre idée de ce monde bien particulier et disons-le, très girly. Il est bien clair que je ne vais pas tricoter une écharpe Rainbow pour un box ni mettre des petits colliers. Ce n’est pas une critique, je trouve même ça chouette et peut-être y viendrai-je un jour, mais à ma façon. Maintenant et grâce aux différents groupes MM que je fréquente un peu, j’ai commencé à lire quelques livres MM  pour voir ce que font les collègues. Le seul truc que je pourrais dire, et puisqu’on m’avait fait la remarque au début, me disant que mes textes étaient différents de ceux que les femmes écrivent, c’est que dans certains romans que j’ai lus, les scènes de sexe ne sont pas du tout réalistes et les hommes, toujours très beaux et magnifiquement sculptés dans le marbre, la queue belle raide et un cul incroyablement facile à pénétrer. On voit quand on lit ce genre de passage, qu’il s’agit là plus d’un fantasme, et c’est un homme qui le dit. Du reste, comme certaines de mes scènes et mes personnages n’entrent pas forcément dans ce schéma qui reste un gros cliché, on m’en a aussi fait la remarque et j’ai trouvé ça drôle mais très valorisant justement. Notamment avec la nouvelle « Mon Moche à Moi » ou je surpris tout le monde et en déçu quelques-unes… eh oui, ce fut surtout des femmes qui se manifestèrent pour me faire comprendre que si l’on n’est pas dans la moyenne ou un peu enrobé, on n’a pas droit au bonheur et encore moins au plaisir de la chair. Oui, les hommes ne baisent pas tous comme des castors même si beaucoup adorent ça, et oui, ils peuvent avoir des pannes et ne pas être un acrobate lors des scènes de Q. Ils peuvent avoir une queue dans la moyenne ce qui n’a absolument rien à voir avec celles qu’on peut visualiser dans les films X, cela va sans dire. C’est en cela que ça peut être différent, même s’il m’arrive aussi d’enjoliver certaines scènes… mais je préfère la poésie au tout tout cru.   

Merci pour ta franchise et cet éclaircissement. Lequel des personnages secondaires as-tu préféré décrire et faire évoluer ? 

Eh bien, tous à vrai dire. J’ai décidé dès le départ de plus m’y attarder sans oublier pour autant les personnages principaux, bien sûr. Si je devais en sortir un du lot, je pense que ce serait Bernie car c’est le genre de mec qui est le plus à l’opposé de moi. J’ai toujours pour ma part évolué avec des garçons plutôt masculins. Pas franchement gay et pas forcément le genre de Bernie, qui bien que courageux, n’a pas du tout les mêmes centres d’intérêt que je peux avoir dans la vie. Mais les genres et les gens sont pluriels, et j’ai trouvé intéressant qu’un mec qui à priori n’a absolument rien en commun avec Bernie réussisse à l’aimer de la plus belle des façons. 

C’est ce qui t’est aussi arrivé dans la vraie vie ? 

Oui, j’ai des amis qui peuvent ressembler à Bernie, mais ils ne sont pas nombreux en effet. Je me souviens avoir dû un jour travailler avec un garçon très efféminé et j’ai trouvé ça très dur pour lui. Tous ces regards qui le jugent et chuchotent dans son dos ne me disaient rien qui vaille. Cela me démontrait déjà que nous appartenions à deux mondes bien distincts et c’est ce que j’aime dans l’existence. Je trouvais dommage que les collègues s’arrêtent à une apparence ou des gestes. Une personne est tellement plus riche. Ce garçon devenu un ami me l’a appris. 

Et vous avez fait une petite affaire comme Bernie et Jérémie ? 

Un peu indiscret ta question. Mais oui, nous l’avons fait et c’était génial. Tu sais, une fois dans les plumes et à poil, nous n’avions que nos corps comme langage et celui-là est universel. 

Tu te dirais quelqu’un de tolérant et d’ouvert. ? 

Oui, très. J’adore la différence. Je suis attiré par elle et je ne parle pas que de genre ou de sexualité. La différence en général. Je pense que c’est ce qui rend plus beau le monde, mais on peut le constater encore aujourd’hui : penser différemment et être différent n’est pas vu du même œil par tout les gens et peut même avoir des conséquences graves, lorsqu’une partie décide d’exterminer tout ce qui n’est pas comme lui. 

Tu en parles très bien d’ailleurs dans ton roman « Les Oubliés » qui pose de grandes questions ? 

Je trouvais très important de l’écrire. Déjà pour effectuer un travail de mémoire qu’on a tendance à omettre nous les jeunes. Je ne suis pas un militant dans la vie. Quoi que… c’est peut-être faux de dire ça car j’en suis un à ma manière je pense, rien qu’en répondant à ta foutue interview et surtout en écrivant ce que j’écris. On ne s’en rend pas compte aujourd’hui, et c’est dommage que pas plus de monde ait osé lire ce roman, mais nous pourrions très vite basculer dans une société ou écrire ce genre de roman me vaudrait la prison et certainement la torture avant d’être tué. Pour ma part, je garde toujours ça à l’esprit sans tomber dans le pessimisme et chaque gay, chaque personne appréciant un proche ou un ami gay devrait y songer. Nos droits et nos acquis sont extrêmement fragiles. Du reste, vous pourrez découvrir ce que je dis là dans le tome 2 de S’Wonderful, ou Romain y relate quelques moments clés des années Sida auxquelles il a été confronté.   

Justement, S’Wonderful, peux-tu nous en dire un peu plus sur cette série que tu as écrite avec Neil ? 

Et toi, Didier je te signale. N’oublions pas que c’était ton idée de départ, édité dans une autre vie, que nous avons reprise avec Neil. Mais nous en parlerons plus longuement lors de sa sortie et cette fois c’est toi qui passeras sur le grill.  

Tu ne vas pas m’épargner ? 

Aucune pitié. Je me réjouis avec Neil de te poser des questions que nous n’avons pas osé te poser jusqu’ici. Car disons-le tout net, il y a quand même pas mal d’inspiration de ta vie dans ce parcours de vie et ne nous dis pas le contraire. T’identifies-tu à Romain ? 

C’est moi qui pose les questions ? 

Tu ne me réponds pas. Donc ça veut dire que c’est vrai. Je suis impatient de cette interview avec toi, ça va nous permettre de te cuisiner avec Neil.   

Es-tu anxieux pour ta version anglaise que l’on vient à l’instant de terminer ? 

Autant que toi, j’imagine. On ne sait pas du tout où on va… Josie est très anxieuse aussi. Ça repose quand même principalement sur ses épaules.    

D’autres projets en cours ? 

Oui, de nombreux, mais je vais terminer un thriller psychologique toujours dans la romance MM, ainsi qu’un livre que je dis devoir terminer depuis des années, mais dont j’ai toutes les peines, vu le sujet et qui me touche perso. J’aurai besoin de ton aide, je pense. 

Tu n’en diras pas plus ? 

Non... Ah ! Peut-être qu’il pourrait bien se profiler du fantastique bientôt, on a une ébauche avec Neil qui t’a séduite et nous plaît beaucoup, mais chut !   

Tu nous intrigues.

 C’est le but.


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Yukon 2 - Plus fort que les vivants
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